Édition numérique - Acadie Nouvelle

DES USINES AU BORD DU GOUFFRE

Justin Dupuis justin.dupuis@acadienouvelle.com

Miscou Fish Products et Pêcheries Ste-Cécile sont au bord du gouffre en raison de problèmes financiers, une situation qui pourrait être annonciatrice de l’avenir réservé à l’industrie de la transformation du crabe des neiges si la prochaine saison est aussi mauvaise que la précédente, craignent des observateurs.

Les usines de transformation Miscou Fish Products et Pêcheries Ste-Cécile pourraient bientôt fermer leurs portes pour de bon.

Les deux entreprises appartiennent à Hiro Inoue, un entrepreneur d’Halifax.

En février, Pillar Capital Corp, un groupe de Calgary qui offre des prêts aux entreprises canadiennes en fonction de la valeur de leurs actifs, a entamé des démarches afin que cinq des six entreprises détenues par M. Inoue soient mises sous séquestre.

D’après allNovaScotia, Hiro Inoue aurait contracté un prêt d’environ 5 millions $ auprès de Pillar Capital Corp.

L’homme d’affaires est aussi propriétaire de Canadian Crab Packers Associates – une entreprise spécialisée dans l’exportation de fruits de mer – et de Botsford Fisheries, une boucanière de Petit-Cap, près de Cap-Pelé.

Deux sociétés à numéro du nord-est de la province sont aussi enregistrées au nom de M. Inoue.

De son côté, Hiro Inoue a entamé des démarches afin de se mettre à l’abri de ses créanciers en vertu de la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies.

D’après le Bureau du surintendant des faillites, cette loi fédérale autorise «les entreprises insolvables qui doivent plus de cinq millions de dollars à leurs créanciers à restructurer leurs affaires et leurs finances.»

À LA RECHERCHE DE SOLUTIONS

Les avocats d’Hiro Inoue et de Pillar Capital ont brièvement comparu par téléphone à la Cour du Banc du Roi de Saint-Jean, lundi matin. Les deux parties ont dit être à la recherche d’une solution afin de régler leur différend et une autre audience est prévue pour le 30 mars.

Hiro Inoue n’a pas donné suite à la demande d’interview de l’Acadie Nouvelle. Le journal a aussi tenté de joindre Miscou Fish Products et les Pêcheries Ste-Cecile.

Les numéros de téléphone de ces entreprises ne sont plus en service.

Miscou Fish Products a été détruit lors d’un incendie en 2017.

L’année d’après, les gouvernements provincial et fédéral ont accordé un prêt remboursable de plus d’un million de dollars à Miscou Fish Products et à Canadian Crab Packers Associates, deux des entreprises d’Hiro Inoue. Les fonds devaient servir à moderniser et augmenter l’efficacité des opérations.

Depuis sa reconstruction, Miscou Fish Products a connu de nombreuses difficultés.

Dès 2018, l’entreprise a connu de graves difficultés financières et a frôlé la faillite, selon Radio-Canada.

Quelques semaines avant le début de la pêche de 2021, la réouverture de l’usine a failli ne pas avoir lieu puisque les travaux de reconstruction avaient été réalisés sans permis. Miscou Fish Products comptait une centaine de travailleurs en 2022.

D’après une source consultée dans la préparation de ce texte, la pénurie de maind’oeuvre devrait permettre au personnel de Miscou Fish Products et des Pêcheries SteCécile de facilement se trouver un emploi dans une autre usine de transformation.

UNE INDUSTRIE EN DIFFICULTÉ

L’an dernier, la valeur du crabe des neiges s’est effondrée en raison de la faible demande des marchés internationaux. Plusieurs transformateurs ont été contraints de vendre leurs produits à un prix inférieur à celui qu’ils avaient offert aux pêcheurs.

Selon plusieurs observateurs, le coup sera cette fois difficile à encaisser si la saison 2023 ressemble à celle de l’an dernier.

C’est l’avis d’Alain Landry, un consultant qui oeuvre dans le secteur des pêches depuis une quarantaine d’années.

«J’entends qu’il y a beaucoup de transformateurs qui sont en difficulté, a-t-il expliqué à l’Acadie Nouvelle. L’an dernier, ç’a été désastreux. Si on a encore une année comme la précédente, plusieurs ne passeront pas à travers.»

D’après Robert Haché, directeur général de l’Association des crabiers acadiens, plusieurs pêcheurs n’ont pas été payés en raison des difficultés de 2022.

«Il y a des usines qui ont vendu à perte et il y a des pêcheurs qui n’ont pas encore été payés pour leurs prises de l’an dernier», a-t-il dit à l’Acadie Nouvelle la semaine dernière.

Certaines usines ont dû négocier des ententes de paiement avec les crabiers, ajoute-til. Jean Lanteigne, directeur général de la Fédération régionale acadienne des pêcheurs professionnels, le confirme, sans pouvoir dire si c’était chose courante.

«Il y a effectivement des pêcheurs qui n’ont pas été payés l’an dernier, dit-il. Chaque situation est différente, les producteurs ont pris des engagements avec des pêcheurs et ces ententes ont été faites en respectant une discrétion professionnelle.»

Bien qu’il s’agit d’un secret de polichinelle «que l’industrie de la transformation est présentement très fragile et ne peut passer à travers une autre saison comme celle de 2022», M. Lanteigne est d’avis que les crabiers prennent ces difficultés avec philosophie.

«Le pêcheur est habitué, ça fait partie du métier, il y a des hauts et des bas. Même si ce sera possiblement une année plus difficile, c’est comme ça la pêche. L’année prochaine sera peut-être meilleure.»

L’Acadie Nouvelle a tenté de joindre l’Association des transformateurs de crabe du Nouveau-Brunswick à plusieurs reprises, sans succès. ■

LA UNE

fr-ca

2023-03-21T07:00:00.0000000Z

2023-03-21T07:00:00.0000000Z

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